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Coming soon: English posts on language and linguistics, language archaeology, frequentatives, onomastics and wikigovernment; ainsi que des billets français sur le Brésil et l'histoire des vigésimaux. Simple.

Porto Velho : l’Estrada de Ferro Madeira-Mamoré 01

J’erre dans la ville, je visite l’église, etc. etc…

Dans le jardin d’un café, je vois un château d’eau. Pour une raison que je ne saisis pas trop, vraisemblablement contenir le risque de conflagration, le réservoir est fabriqué avec de l’amiante ; on voit la fière estampille sur son flanc. C’est une industrie qui bat son plein. La mine de Cana Brava produit toujours ses 200.000 toneladas par an. Clairement, un marché qui va de l’avant.

D’après l’encyclopédie CD-Rom Britannica 2000, Porto Velho serait le terminus nord de l’Estrada de Ferro Madeira-Mamoré (long de 367 km). Ceci est vrai si on accepte qu’un chemin de fer n’ait besoin ni d’exister ni de fonctionner pour mériter le nom. Ça fait au moins trente ans qu’il ne roule plus (en l'an 2000). Tout ce qui reste sont de misérables restes : 13 km qui va, le dimanche et pas toujours, jusqu’à la halte du feu la ville de Santo Antonio. Plus des tonnes de rouille, d’anciennes locomotives cassées, usées, rongées par les pluies torrentielles et ravagées par des charognards de la ferraille, mais d’une beauté imposante.

Il y a un musée. Pas comme des musées de chez nous, c’est un vrai musée. C’est comme il était, médusé. On sent les odeurs d’huile et de mécanique, on peut toucher les outils, on marche sous une ombre immense à explorer ce qui n’a jamais été victime d’une organisation raisonnée. Bien sûr, il y a de l’ordre, mais le désordre est mieux. Une clé à écrous grande comme un homme, gueule de hargne plantée par le menton dans la terre battue du sol ; roues dentées, roussies, sombres et luisantes, lourdes et adoubées de poussières piquées dans la graisse ; commutateurs, une cloche en laiton, de pelles à charbon et tout un bric-à-brac de pièces aussi diverses qu’incompréhensibles. Sur un mur, de vieilles photographies : employés dans leur jeunesse, bousculades à bord des wagons, vues générales, et souvenirs d’aïeux inconnus et de ceux qui ont perdu vie, raison et/ou portefeuille dans cette lutte folle fin de siècle à faire fortune dans le caoutchouc.

Sur une étagère, des bouteilles en grès d’Amsterdam, du gin, je crois. Le nom, Wynand Fockink, je ne peux que voir en plaisanterie. Prononcé à l’anglaise, avec un léger accent : « Wine and fucking ». L’aurait-on ?

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